NAPPY
Ce mot claque, joyeux comme une vague... naturelle et heureuse.
Nappy signifie crépu. Il a fait l'objet de dénigrement pendant longtemps. Depuis une dizaine d'années, la communauté afro se l'ai réapproprié positivement et dans les pays francophones, NAPPY devient le rétroacronyme de "natural" et "happy".
Cependant, il n'est pas qu'une simple tendance mais une revendication lancée depuis des décennies.
Il est le prolongement contemporain du courant Black is Beautiful lancé en 1962 depuis Harlem
Quelques rappels
Fin des années 1960, une femme incarne cette révolte esthétique et politique des Afro-américains : la philosophe Angela Davis, militant alors pour les droits civiques et la réhabilitation de la culture africaine et afro-américaine.
Dès les années 1970, les stars soul et disco conservent leurs cheveux frisés : la fameuse coupe Afro.
Cependant, le mouvement Black is beautiful n'a pas vraiment disparu.
Il est devenu Nappy.
C'est l'écrivain Léonora Miano qui popularise ce terme.
La plupart de ceux qui se disent afropéens « sont bien souvent nappies », affirme Eva Doumbia.
À LIRE
"Angela Davis Autobiographie" écrite « à chaud » à la fin des années 1970, et publiée par la romancière Toni Morrison. Elle est traduite pour la première fois en français, par Cathy Bernheim, aux éditions Aden.
Dossier de presse
« Etre afropéen, explique la metteuse en scène Eva Doumbia,
c’est posséder une identité mouvante, fluctuante.
On revendique notre part africaine,
tout en vivant ici,
baignés dans la culture française. »
« Ils habitent la frontière », selon Léonora Miano avant d’ajouter :
« Nous avons le privilège rare de pouvoir choisir le meilleur de chaque culture."
La posture militante est moins affirmée, les nappies sont fiers d'être noirs et surtout manifestent la volonté d'être acceptés comme ils sont et de ne plus abîmer peau et cheveux à coup d'éclaircissement ou de défrisage !
Selon Eva Doumbia,
« Avec le mouvement nappy, l’histoire et la politique rencontrent l’esthétique et l’intime, on découvre combien elles se mêlent, jusqu’à altérer l’image du propre corps des Noirs !"
Longtemps l'Occident les ont reniés esthétiquement.
Combien continue encore à vouloir se blanchir leur peau et se lisser les cheveux ?
*Tu ferais mieux d'arrêter de faire ce que tu fais.
Petit clin d'oeil à Nina Simone ! I put a spell on you !
À LIRE
"Afropean Soul et autres nouvelles", de Leonora Miano (Flammarion, 2008)
« Peau noire cheveu crépu. L’histoire d’une aliénation », de Juliette Sméralda (Jasor, 2005).
« Du cheveu défrisé au cheveu crépu », de Juliette Sméralda (Publibook, 2012).
A ECOUTER
« Du cheveu défrisé au cheveu crépu », de Juliette Sméralda (Publibook, 2012).
A ECOUTER
A SUIVRE et A VOIR
"Félé(e)s, publication prévue en 2016
"La traversée" qui se joue actuellement au Théâtre National La Criée à Marseille (29/03/2016 au 02/04/2016)Dossier de presse